C’est une plongée spectaculaire dans les noirceurs de l’âme. Ecouter ou lire Yana Valença Vicente Garcia provoque toujours le même électrochoc. On avait pu lire une première version de son autobiographie il y a quelques années et des recueils de poésie mais la Sierroise n’avait pas encore réussi à tout nommer. C’est chose Ste aujourd’hui avec «Sourire au-delà de l’enfer» qui livre le
«C’est mon récit. C’était un processus douloureux.»
Compte rendu précis de sa vie au Brésil et ici. Une épreuve de force car ce fut pour elle un difficile processus émotionnel où les images ressurgissaient du passé avec violence. Mais avec, malgré les années de maltraitance, l’envie de croire au bonheur, à la justice et à la puissance de la résilience. «Jean-Marc Richard m’a dit: «Yana, c’est du lourd!», sourit-elle. Oui c’est lourd. Valença Vicente Garcia naît au Brésil en 1969, d’une mère adolescente et d’un père inconnu dans un contexte de grande pauvreté. Elle connaît la maltraitance, la torture puis la nie et l’esclavage. Une enfant non désirée, détestée par sa mère qui la roue de coups, lui lacère la peau et la jette dans la prostitution Elle a vingt ans quand elle croit avoir trouvé l’amour en Suisse mais elle déchante rapidement. La Sierroise tombe sous l’emprise d’un homme qui va la terrifier durant 25 ans, à coups d’insultes et de rabaissements psychologiques mais aussi de contraintes sexuelles. Mais Yana aura une fille, une bonne raison pour tenir le coup. Elle se met en mouvement quand elle rencontre les professionnels du groupe LAVI qui vient en aide aux femmes subissant des violences domestiques. C’est le début d’une nouvelle vie. Et puis comme exutoire, Yana se met à écrire. Des poèmes aussi, qui sont autant de respirations vers le beau. La Sierroise fonde encore «L’Espoir de Yana» une association pour venir en aide aux personnes confrontées aux violences domestiques. Yana Valença s’engage à fond, toujours en alerte, comme un animal blessé. Elle sait qu’elle peut agacer par sa franchise, ce besoin de remuer ciel et terre et de témoigner. «Vous savez, être une femme ce n’est pas simple mais être une femme de couleur encore moins», confie-t-elle, courageuse. Le livre est dédié à toutes les personnes en souffrance qui ont besoin d’écoute: «Je sais que mon livre dérange, parce qu’il est au, il est tel que j’ai vécu les événements. Je sais que je dérange parce que je suis une femme de couleur et que le racisme existe, je dérange parce que je suis critique envers le système qui manque d’empathie mais c’est mon combat». Le livre a été écrit à l’oral et transcrit par la plume d’Anne Martin pour conserver toute la personnalité de son autrice. On est forcément sidéré. Un récit coup de poing qui montre, une fois de plus, que la réalité va bien au-delà de la fiction.
Article rédigé par: ISABELLE BAGNOUD LORETAN
Disponible sur http://www.edcarte.ch, librairie Payot, Sierre, Sion et Lausanne et La Liseuse, Sion.
RENDEZ-VOUS
Dédicace Yana Valença dédicacera son récit vendredi 8 avril de 17h à 18h30
Lecture musicale Mardi 19 avril à 17h30, rencontre avec Yana Valença à la Bibliothèque-médiathèque de Sierre (BMS) avec des extraits lus par Anne Martin et accompagnés par Yannick Schmidli à l’alto.
Verre de l’amitié à l’issue de la rencontre.